L'énergie, voilà bien un mot qui suscite encore beaucoup de méfiance.
Bien sûr je ne parle pas d’énergie au sens de l’énergie fossile ou de l’énergie renouvelable, mais bien de l’énergie subtile, celle que l’on ne voit pas mais que l’on ressent, qui est partout et en toute chose mais qui reste mystérieuse.
Enfin, mystérieuse pour nous les occidentaux, car en vérité, elle est étudiée, décrite et utilisée dans bien d’autres cultures, et ce depuis des millénaires.
Parmi les plus connues, nous pouvons évoquer les hindous qui l’appelle » prana », les chinois qui l’appelle Qi (prononcez Chi), ou encore toutes les cultures chamaniques quelles que soient leurs origines ou leurs époque).
Alors comment se fait-il que cette notion d’énergie soit tellement taboue en France et d’ailleurs est-ce qu’il en a toujours été ainsi ?
Bien sûr que non, nous aussi, nous avons eu des ancêtres pour qui l’utilisation de l’énergie, même si elle était réservée à des initiés, était courante.
On a tous entendu parler du magnétisme et ce terme est d’ailleurs encore aujourd’hui plus rassurant que celui de l’énergie.
Sans entrer dans les détails historiques, le siècle des lumières, même s’il a été synonyme de progrès considérables, a fait des dégâts, on peut dire que le bébé a été jeté avec l’eau du bain !
Sous prétexte de lutter contre l’obscurantisme, nous sommes progressivement entrés dans l’ère du matérialisme.
La science a découpé et compartimenté tous les domaines, séparant l’Homme de son environnement.
Elle a rejeté et ridiculisé tout ce qu’elle ne comprenait pas.
Nous sommes encore aujourd’hui influencés par cette période, dominée par le mental et le fameux « je pense donc je suis » de Descartes qui nous lègue également le cartésianisme.
Dans l’inconscient collectif, être cartésien c’est être logique et rationnel, c’est-à-dire penser que tout ce qui peut s’expliquer est « vrai » et que le reste est « faux », ou encore que tout ce que l’on peut voir est réel et que ce qui est invisible est irréel.
Bien sûr, cela ne correspond pas tout à fait à la pensée de Descartes, mais c’est souvent ce qu’il en reste.
Pourtant, à condition que l’on soit un peu curieux, il est facile de s’informer et de constater que plus les scientifiques progressent, plus ils sont conscients qu’ils ne comprennent pas grand-chose à cet univers qui est constitué en grande partie de matière noire et d’énergie sombre, desquelles on ne connait encore fichtrement rien !
Qu’est-ce que nous apprend la physique quantique depuis plus d’un siècle ?
La matière n’existe pas en tant que telle, elle est en fait constituée d’énergie et d’information.
Voilà, la messe est dite 😉
Tout ce qui nous apparaît comme étant solide et concret en en fait de l’énergie en mouvement.
Comment se fait-il que ces concepts n’aient pas encore influencé l’inconscient collectif ?
Hé bien c’est assez simple, le cerveau est ainsi fait qu’il lui faut du temps avant d’adopter un nouveau paradigme.
Croyez-vous que lorsque la science a prouvé que la terre était ronde, la population a immédiatement actualisé ses croyances ?
Que nenni, il aura fallu attendre plusieurs générations avant que cela soit communément admis.
Il faut être honnête, les mentalités évoluent c’est vrai mais tellement lentement.
Je suis certain qu’une majorité croit que l’énergie est bien réelle, mais cela reste dans la sphère privée, on n’en parle pas, on garde ça pour nous de peur de paraître allumé, perché ou ridicule. Beaucoup vont voir les magnétiseurs et les énergéticiens en cachette mais ne le disent pas à leur médecin et attendent que la validation passe par le journal de 20H avant de se dévoiler.
Cet entre-deux engendre d’ailleurs des situations pour le moins ridicules où l’on va chercher des savoirs et des techniques dans d’autres cultures, en prenant bien soin d’en retirer l’aspect énergétique afin de rester crédible.
Permettez-moi de vous présenter trois exemples pour illustrer cette ineptie.
Inutile de préciser que tous ces domaines, s’ils occultent la partie énergétique, sont vidés de leur substance !
Article originel sur ce lien.
Concept fondamental dans les arts énergétiques et martiaux chinois, Qi est souvent traduit par « énergie ».
Il s’agit en réalité d’un concept issu de la médecine traditionnelle chinoise, qui recouvre différents aspects.
Circulant dans le corps le long des méridiens, c’est le Qi que le thérapeute fait circuler avec les aiguilles d’acupuncture.
Mais le Qi n’est pas seulement présent dans le corps, il est présent partout, dans toutes les manifestations de la nature
et notamment dans l’air que nous respirons. Ainsi, il serait préférable de traduire Qi par « souffle » ou « souffle vital ».
Ce concept n’a donc pas d’équivalent précis dans la culture occidentale et il serait sans doute mieux de le désigner
sous son nom chinois afin de ne pas induire de fausses interprétations.
Le Qi en lui-même n’est pas forcément positif ; il y a du « bon » et du « mauvais » Qi.
Il ne suffit donc pas « d’accumuler » du Qi pour être en meilleure santé,
alors « qu'avoir plus d'énergie » est toujours compris comme quelque chose de positif.
Ainsi, pour la médecine chinoise, le plus important est d'abord d'éviter que le Qi ne stagne.
C'est pourquoi il est fondamental de privilégier le relâchement dans nos pratiques,
afin de permettre la circulation harmonieuse du Qi.
Comment définir la notion d'énergie dans le Taichi Chuan ?
La notion d’énergie est en fait une notion plus complexe qu’il n’y parait.
Elle sous–entend notamment une idée de puissance.
Or le Qi ne permet pas d’engendrer une puissance suffisante pour, par exemple,
pousser un adversaire qui ne se laisserait pas faire, quel que soit le niveau du pratiquant.
Ainsi, contrairement au Qi Gong, le Taichi Chuan ne met pas l’accent sur la circulation du souffle
mais sur le développement de l’énergie interne. Cette énergie, contrairement au Qi, permet la puissance.
Si l’énergie, au sens du Taichi Chuan, ne peut pas se réduire à la notion de Qi, comment en définir les contours ?
On peut présenter deux approches :
l’énergie est désignée par le terme Jin.
Il s’agit d’une force interne souple, provenant de l’utilisation de l’ensemble du corps.
Le Taichi Chuan vise ici à développer une qualité de force, basée sur la souplesse et la circulation du Qi, mettant en jeu l’ensemble du corps.
Cette approche martiale de l’énergie est aujourd’hui répandue dans de nombreux arts martiaux,
et le Taichi Chuan n’y échappe pas. Elle a l’avantage d’être relativement facile à travailler par la répétition des mouvements.
La seconde approche est l’approche taoïste qui fait référence aux trois Trésors (San Bao) : Jing Qi Shen
Nous avons déjà parlé de Qi. Par opposition, ou par complémentarité, Jing désigne la matière, le corps dans sa souplesse.
Nous retrouvons ici la nécessité de la souplesse du corps, au sens de relâchement, pour permettre la libre circulation du Qi.
Shen, c’est l’esprit, une partie du mental indépendante de la pensée.
Proche de l’instinct, permettant la compréhension innée, cette « conscience » peut être développée.
En Taichi, c’est notamment la capacité à effectuer les mouvements de manière naturelle,
sans penser, tout en étant présent et en respectant l’ensemble des principes fondamentaux de manière automatique.
L’approche taoïste nous indique qu’il faut s’entraîner pour développer harmonieusement trois aspects :
la souplesse, le relâchement du corps, l’absence de force ; l’accumulation et surtout la bonne circulation du Qi
par la pratique correcte des enchaînements ; l’esprit, par un travail sur le lâcher-prise afin de diminuer progressivement
l’action de la pensée, jusqu’à être capable d’effectuer les mouvements de manière complètement naturelle.
Ici, c’est l’interaction et l’équilibre entre ces trésors, qui vont engendrer la création de l’énergie ;
sans équilibre, il n’y aura pas création d’énergie, sans interaction non plus.
Cela signifie aussi qu’aucun des termes Jing, Qi, Shen, ne désigne à lui seul l’énergie :
c’est bien l’ensemble Jing Qi Shen qui va permettre l'émergence de l’énergie du Taichi Chuan.
Cela signifie également que l’énergie au sens du Taichi Chuan n’est pas quelque-chose que l’on possède au départ ;
c’est quelque-chose que l’on va construire et développer par un entraînement adapté.
Afin de parvenir à développer les trois trésors de manière harmonieuse, le contact entre le Professeur et l'élève,
ainsi qu'un travail spécifique avec un partenaire, est essentiel : la transmission se fait ici par le ressenti et l'imitation.
On comprend alors que la pratique du Tuishou doit être au cœur de l'enseignement,
parce qu'elle permet d'aborder des principes fondamentaux inaccessibles par la seule pratique de la forme en solo.